Black is beautiful
23 mai 2013 | |
19 h 30 min | |
Montréal, Canada | |
Église Unie Saint-Jean | |
Google Map |
Black is beautiful
Compositeurs et compositrices d’origine africaine du XVIe au XXe / Musique classique, jazz, blues et gospel.
Première partie
Piano solo – The Goblin and the Mosquito (Florence Beatrice Price) USA (1887-1953)
- Quinque, Acte I, extrait de L’amant anonime (Joseph Boulogne Chevalier de Saint-Georges) France (c. 1739-1799)
- Judas mercator pessimus A Cappella (José Mauricio Nunes Garcia) Brésil (1767-1830)
- Maria Tudor Acte II no 9 (Antonio Carlos Gomes) Brésil (1836-1896)
- The Lee Shore A Cappella (Samuel Coleridge Taylor) Angleterre (1875-1912)
- I’m Coming Home A Capella (Hale Smith) USA (1925-2009)
- Two Kids A Capella (Hale Smith) USA (1925-2009)
- Mota Acte II scène 2 (William Grant Still) USA (1895-1978)
- Troubled Island Acte I « Slaves of this world » (William Grant Still) USA (1895-1978)
- Flowers in the Valley A Cappella (Ulysses Kay jr.) USA (1917-1995)
- Dos Pequeñas Piezas Corales : 1. Canción de Mar / 2. Motivo bañado de luna pour chœur a cappella (Roque Cordero) Panama (1917-2008)
Deuxième partie
- Nite Life (Mary Lou Williams) USA (1910-1981) piano solo
- Son de la Ma Téodora (Teodora Gines) Saint-Dominque (Hispagnola) (c. 1600)
- My Lord, What a Mornin’ A Cappella arr. (Henry « Harry » T. Burleigh) USA (1866-1949)
- Here’s one arr. (William Grant Still) USA (1895-1978)
- Listen to the Lambs A Cappella arr. (R. Nathaniel Dett) Canada Québec (Drummondville) (1882-1943)
- St. Louis Blues (William Christopher Handy) USA (1873-1958)
- Treemonisha no 4 (Scott Joplin) USA (1868-1917)
- Treemonisha no 16 (Scott Joplin) USA (1868-1917)
- Treemonisha no 18 (Scott Joplin) USA (1868-1917)
- Prelude to a Kiss (Duke Ellington) USA (1899-1974)
- Take the « A » train (Billy Strayhorn) USA (1915-1967)
Rappel
Thula baba, thula sana A Cappella (Berceuse africaine)
Notes de programmes écrites par Dominique Boucher (soprano):
Edward Kennedy « Duke » Ellington (1899-1974) marque un jalon important dans la musique américaine. On doit au pianiste et chef d’orchestre jazz pas moins de mille compositions. Musiques de film, blues, chansons, classique, swing, quels genres n’a-t-il pas pratiqués ? Son inventivité mélodique et son raffinement éclatent au grand jour dans Prelude to a Kiss (dans un arrangement pour chœur d’André Lafrance), composée en 1938 sur des paroles d’Irving Gordon et Irving Mills. Mais peut-être est-ce ce raffinement même qui a valu au Prelude d’être éclipsé avant de s’imposer comme l’un des standards du jazz.
Take the “A” Train, l’un des « hits » de l’orchestre d’Ellington, a connu un départ autrement fulgurant. Toutefois, ce n’est pas une composition du grand Duke, mais bien du pianiste, arrangeur et compositeur Billy Strayhorn (1915-1967). Ce nom ne vous est guère familier ? Pas étonnant: parfois par inadvertance, Ellington a beaucoup fait d’ombre à ceux qui le côtoyaient. Mais il n’a jamais nié que cet homme effacé qu’était Strayhorn ait été l’un de ses plus extraordinaires collaborateurs.
Nous sommes en terrain connu avec Saint Louis Blues (1914), qui, encore aujourd’hui, est un standard mille fois repris par les artistes les plus divers, au point qu’on l’a surnommé l’Hamlet du jazzman. Saint Louis Blues devait assurer la fortune de son auteur, William Christopher Handy (1873-1958), dont on dit volontiers qu’il a transformé le blues, forme encore fruste et peu connue du grand public, en ce genre foisonnant et remarquable que nous connaissons aujourd’hui. Saint Louis Blues en est l’éclatante démonstration, par la souplesse et la variété de sa rythmique.
À cet égard, Handy emprunte au créateur du ragtime, le remarquable Scott Joplin, né au Texas en 1867 ou 1868 et mort à New York en 1917. Le plus connu de ces morceaux pour piano seul est à n’en pas douter le Maple Leaf Rag de 1899, mais ce n’est pas le seul genre où Joplin s’est illustré. Il a à son actif un ballet et deux opéras, notamment Treemonisha, achevé en 1911, dont voici trois extraits. Celui-ci a pour thème le salut de la « race nègre » par l’éducation. Quoique souvent décrit comme un opéra ragtime, Treemonisha emprunte au blues à ses balbutiements, aux chansons à réponse et autres éléments du folklore afro-américain. Joplin ne verra jamais son œuvre exécutée, qui sera créée en 1972.
Avec My Lord, What a Mornin’ (1918), d’après l’Évangile selon Matthieu, Here’s One (1955) et Listen to the Lambs (1914), nous abordons le monde du negro spiritual. Le genre est plus ancien que ces dates ne le suggèrent. Genre paradoxal s’il en est, car ces ferventes professions de foi chrétienne, marquées par la transe, souvent ponctuées de cris et de gestes, sont largement tributaires de la spiritualité des religions africaines que pratiquaient les esclaves ou leurs ancêtres avant d’être forcés de travailler dans les plantations du Sud des États-Unis.
C’est beaucoup grâce à Henry « Harry » T. Burleigh (1866-1949), compositeur, arrangeur et chanteur, que le spiritual a acquis ses lettres de noblesse. Né en Pennsylvanie, il a fait ses études au Conservatoire de New York, où, sans avoir été son élève, il a côtoyé Antonin Dvorák. Il n’y a rien d’étonnant à ce que Burleigh se soit intéressé au spiritual. Tout au long de sa carrière, sa voix de baryton a retenti dans les églises et les synagogues. C’est donc tout naturellement qu’il a été amené à arranger pour solistes ou pour chœur des spirituals comme My Lord, What a Mornin’.
Passons rapidement sur Here’s One, dont nous connaissons déjà l’arrangeur, William Grant Still, le compositeur de Mota et Troubled Island. Attardons-nous plutôt sur R. Nathaniel Dett, né à Drummondville, en Ontario, en 1882. Drummondville abritait alors une importante communauté afro-américaine, puisqu’elle avait été l’un des points de chute du fameux « Chemin de fer clandestin » qu’empruntaient les esclaves montant au Canada pour échapper à leur condition. Dett poursuivra en Ohio des études amorcées à Niagara Falls. C’est là qu’il fera une découverte fatidique : l’utilisation par Dvorák de thèmes folkloriques. Cela le conduira à arranger ces chants religieux qui ont bercé son enfance et sont un rappel poignant de l’histoire des Afro-Américains.
Contrairement à Kay, Roque Cordero (1917-2008) a dû attendre d’être majeur pour entamer ses études de musique, d’abord au Conservatoire national de Panama, ensuite à l’Université du Minnesota. Mais on l’aura compris, devant le grand raffinement de ses Dos pequeñas piezas corales (c. 1971), sur des poèmes de sa compatriote Stella Sierra, Cordero, tout autodidacte qu’il ait été, a vite manifesté des dons musicaux remarquables.
Qui ne connaît le pianiste et compositeur de jazz Oscar Peterson ? Né à Montréal en 1925, il mourra en Ontario en 2007. Fort de sa formation classique, Peterson devient musicien professionnel dès quatorze ans. Il acquerra vite une réputation de virtuose et de mélodiste inventif. La Canadiana Suite, à laquelle appartient Place St. Henri, évoque son quartier natal.